Dessin-qui-désigne
Écrit le lundi 30 octobre 2017 par
Il y a de nombreuses façons de dessiner — autant que de façons de parler, autant que d’êtres de parole et je suis loin de les connaître toutes. Je n’aborderai ici — et vaguement — que trois des motivations, dans ma culture, du dessin figuratif :
Voici ce qu’Émile Littré en écrivait au 19e siècle :
DESSINER. Dessein et dessin sont le même mot ; il n’y a pas longtemps que l’orthographe les a distingués pour l’œil ; et dans le XVIIe siècle dessin s’écrivait souvent dessein. Dessein n’est que dessin pris figurément, c’est-à-dire ce que l’on dessine ou désigne, car ces deux mots sont identiques.
Dessin-qui-désigne. L’espace-temps du dessin est un présent (mais c’est une surprise) qui offre le passé et l’avenir :
- Tourné vers le visible, le dessinateur propose de figurer le réel commun. Il en trace l’ombre portée, en isole certains aspects, les sépare des contingences : ainsi représentés, ces objets deviennent des sujets et des symboles [1].
- Tourné vers l’invisible, le dessinateur réassemble des souvenirs pour figurer l’avenir. C’est la dimension démiurgique du dessin [2] : aval onirique, amont chimérique ou utopique.
En ce qui me concerne, et ce sera le troisième et dernier point de ma rêverie : seul « [...] le côté plus doux des choses » [3] m’apparaît et me motive. C’est mon motif, je le garde, le regarde et le dessine.