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« d’après photo » ou « d’après nature » ?

jeudi 23 février 2023, par Jean-Christophe Sekinger

Je ne dessine ni ne peins en m’aidant de photos. Ça n’est pas par refus du carroyage, ou du carton, ni de la facilité que ça permet. Je n’ai rien contre la photographie, j’aime nombre d’entre elles, mais songez un instant : la photo propose une vision du monde, certes, mais à une échelle de temps et avec des moyens qui ne sont pas ceux du dessin. C’est tout. Par exemple, une saisie instantanée pour l’une, une lente élaboration pour l’autre ; un œil sommaire et mécanique, d’un côté, et un crayon, de l’autre : Les deux ne peuvent simplement pas montrer la même chose. La photo comme le dessin sont toutes deux des fenêtres sur le monde et elles sont différentes, éloignées l’une de l’autre. D’ailleurs, peindriez-vous en regardant par deux fenêtres en enfilade ? Il y en a forcément une qui embrume l’autre et les défauts du dessin sont alors de la servilité. Songez encore : aimeriez-vous toucher ce que vous aimez avec un bras mécanique, un « outil de ramassage », une « pince de préhension pliable » ? Non bien sûr, vous préféreriez si possible avoir un rapport direct avec les choses. Ainsi, je ne propose pas non plus, dans mes cours, de dessiner ou de peindre « d’après photo ». Ce sont des cours de dessin « d’après nature » : On regarde ce qu’on peint et on le touche avec la main.